Marisa Berenson, LA fille des années 70
Crédits photo : Instagram @marisaberensonofficial
Marisa Berenson, souvent considérée comme l’une des muses les plus emblématiques de la mode du XXe siècle, est littéralement née dans le style : sa grand-mère n’était autre que la légendaire couturière Elsa Schiaparelli. Pourtant, sa propre ascension dans le monde de la haute couture ne débute qu’à seize ans, lorsqu’elle est découverte par Diana Vreeland, alors rédactrice en chef de Vogue.
« Elle a posé son regard sur moi et a dit : "Il faut photographier Marisa", et c’est tout », se souvient Berenson. À partir de ce moment-là, sa carrière décolle. Elle devient l’un des visages les plus photographiés des années 1970, posant pour Irving Penn, Richard Avedon, Hiro ou Helmut Newton, et figurant plus de vingt fois en couverture de Vogue.
Dans cet entretien exclusif pour ReSee, Marisa revient sur l’âge d’or de la mode des années 1970, son amitié indéfectible avec Halston, et l’art intemporel de s’habiller avec élégance et intention, une philosophie qui continue de définir son héritage dans l’univers du style vintage et de la haute couture.
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Une enfance entourée d’élégance, mais loin de la mode
« La mode n’a pas du tout fait partie de mon éducation », se souvient Marisa Berenson, petite-fille de la légendaire Elsa Schiaparelli. « Ma grand-mère, pourtant très présente dans ma vie, ne parlait jamais de son passé ni de sa carrière. » Née à New York mais élevée en Europe, Marisa passe sa jeunesse dans des pensionnats et voyage beaucoup avec sa famille, découvrant ainsi le monde. « J’ai eu une vie protégée, mais je rêvais sans arrêt. Je faisais d’incroyables carnets remplis d’images d’Audrey Hepburn, Rita Hayworth et Ava Gardner, mes premières visions de la beauté et du cinéma. »
Sa passion pour l’esthétique prend forme très tôt. « Quand j’étais à l’école en Angleterre, j’ai commencé à coudre mes propres vêtements. J’ai même réalisé un tailleur inspiré de Chanel à 13 ans. Ma mère n’en savait rien. Je crois que c’était dans mes gènes. »
Découverte par Diana Vreeland : un destin tout tracé
À seize ans, le destin frappe à sa porte. « C’était ma première fois à New York depuis l’enfance. Mon père était malade et nous étions là pour Noël. Un soir, il m’a emmenée à un grand bal, et Diana Vreeland était présente. » Alors rédactrice en chef de Vogue et amie de Schiaparelli, Vreeland remarque immédiatement quelque chose chez la jeune fille. « Elle m’a regardée et a dit : "Il faut photographier Marisa." Et tout a commencé comme ça. »
Peu après, Marisa est envoyée dans le studio de Bert Stern, puis à Paris pour le numéro de septembre de Vogue avec David Bailey. « Ma carrière a démarré en fanfare. Je suis restée à New York, j’ai trouvé un tout petit appartement et j’ai commencé à travailler à plein temps comme mannequin. »
L’âge d’or du mannequinat : les années 1970
Son premier shooting à Londres ne l’avait pourtant pas convaincue. « David Bailey ne m’avait pas dit un mot, juste de la musique assourdissante », se souvient-elle. Le destin les réunit plus tard à Paris, où ils deviennent amis pour la vie. « Ensuite, tout s’est enchaîné. J’ai travaillé avec Irving Penn, Richard Avedon, et tous les plus grands photographes. Sous l’aile de Diana Vreeland, j’étais privilégiée. Nous vivions un moment vraiment unique. »
Les années 1970, explique Marisa, étaient une époque de liberté, d’individualité et d’énergie artistique. « Tout était exaltant. Les artistes, les créateurs, les politiciens, les stars de cinéma, tout le monde se côtoyait. Si vous étiez différent, vous étiez célébré. Nous vivions avec joie, parcourant le monde pour les séances photo, pleins de curiosité et d’émerveillement. »
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Halston et l’esprit du glamour américain
Parmi les nombreuses amitiés qui ont marqué sa carrière, une se distingue : Halston. « Je l’ai rencontré alors qu’il faisait encore des chapeaux chez Bergdorf Goodman, tout juste après avoir ouvert son atelier sur la 57e Rue. Il est devenu comme un grand frère pour moi. »
Leur amitié reposait sur la créativité et l’affection. « Nous passions les week-ends à la campagne à faire des teintures sur tissu, c’est nous qui avons lancé cette idée ! Il m’a même accompagnée à l’autel pour mon deuxième mariage. » « Ses vêtements étaient divins : des robes en jersey de soie, des coupes parfaites, une toute nouvelle vision de la femme américaine moderne. Halston adorait l’élégance et l’individualité. Il avait un œil, un rêve, et savait rendre une femme à la fois puissante et libre. »
Icônes de la couture : Saint Laurent, Valentino, Azzaro
Berenson s’impose aussi dans l’univers de la haute couture européenne. « Yves Saint Laurent, Valentino et Loris Azzaro m’ont habillée. Azzaro, en particulier, créait des robes inspirées du glamour des années 30 et 40, ces silhouettes de stars de cinéma que j’adorais. »
Quand on lui demande sa pièce préférée, elle hésite. « C’est impossible. Chaque créateur était unique, chaque souvenir particulier. Avoir vécu cette époque, être jeune et habillée par de tels artistes, c’était un privilège. »
L’art de s’habiller : une philosophie de vie
En 1984, Marisa publie Dressing Up: How to Look and Feel Absolutely Perfect for Any Social Occasion. « C’était amusant, très années 80 avec ses grandes épaulettes, mais les conseils restent valables. L’art de bien s’habiller ne vieillit jamais. »
Aujourd’hui installée à Marrakech, elle incarne toujours une élégance naturelle. « Cette ville m’inspire, elle est éclectique, bohème chic, orientaliste. Ici, je peux être créative et audacieuse. À New York ou à Paris, je suis plus classique, mais quand je sors, j’aime porter mes turbans, mes vestes brodées, mes bijoux. »
Et elle perçoit un retour à cet esprit. « Pendant un temps, tout le monde se ressemblait. Maintenant, on retrouve un goût pour l’individualité, l’expression de soi, la joie de s’habiller. Les vêtements ne sont pas qu’une apparence : ils disent qui vous êtes et ce que vous voulez transmettre au monde. »
Propos recueillis par Zoe Ruffner pour ReSee
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